D'où
vient le mot " diariste " ?
C'est
un mot emprunté à l'anglais, qui a été
introduit en France en 1952 par Michèle Leleu dans son ouvrage
pionnier Les Journaux intimes (PUF), première
étude développée consacrée à ce
genre en français.
Elle s'explique sur ce néologisme, de manière très
convaincante, au début de l'ouvrage (p. 28-29) :
Dans
la suite de l'ouvrage, nous ferons couramment
usage du terme Diariste
pour désigner un auteur de Journal
; sans méconnaître que ce néologisme peut
prêter
à la critique, nous croyons qu'il se justifie à plus d'un
titre.
Il nous épargnera d'abord de recourir sans cesse et par
nécessité
dans une étude de genre, à cette lourde périphrase
:
auteur de journal intime. Quant à l'emploi d'autres formules :
Journaliste intime, intimiste,
et surtout journal-intimiste,
devant
lequel n'ont pas reculé certains auteurs, il nous semble plus
discutable
encore.
On
peut rapprocher Diariste
du vieux mot français
"diaire", parfois usité comme adjectif (cf. Littré), mais
qui
désigna aussi le Livre de raison, régulièrement
tenu
dans certaines familles autrefois. On est en droit de regretter que ce
terme
soit tombé en désuétude, car son usage, s'il avait
persisté,
n'eût autorisé aucune confusion avec le journal, organe de
presse.
Mieux partagés que nous à ce point de vue,
les Allemands et les Anglais disposent de termes distincts pour
dénommer,
d'une part le quotidien d'information : Tageblatt,
newspaper;
et d'autre
part le journal intime : chez les premiers Tagebuch,
chez les seconds
diary,
journal ou
note-book,
dont l'auteur est aussi appelé
diarist.
Il nous a paru légitime de franciser ce dernier terme
de même étymologie latine que notre "diaire" et que le diario
italien.