Journée d’étude à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle
Organisateur Alexandre
Stroev
(alexandre.stroev@libertysurf.
Depuis l’Antiquité, on apprécie les correspondances des écrivains. Depuis la Renaissance, les auteurs rendent publiques leurs lettres « familières », rédigées en latin, aussi bien qu’en langue « vulgaire », les réunissent en plusieurs volumes. Pétrarque et Erasme, l’Arétin et Antonio de Guevara, Pasquier et Guez de Balzac en fournissent des exemples les plus connus. Durant les siècles suivants, la tradition s’affaiblit, mais ne s’affaiblit pas, si l’on se souvient de Voltaire et du prince de Ligne, de Bettina von Brentano – Arnim ou d’André Gide.
Les travaux sur ces auteurs ne manquent pas, la tradition humaniste européenne est bien étudiée. Néanmoins, il semble que le phénomène en tant que tel n’a pas été suffisamment exploré. Qu’est-ce qui pousse l’écrivain à publier ses lettres intimes, à imprimer de son vivant ce qui est réservé aux œuvres posthumes, à se charger du travail de ses héritiers et disciples, critiques et commentateurs ? Le désir de rédiger son autobiographie sous forme épistolaire, peindre un autoportrait idéalisé ? Donner à ses lettres une valeur historique, les transformer en machine de guerre ? Quand l’écrivain publie-t-il ses lettres : à la fin, au début ou tout au long de sa carrière ? Veut-il proposer aux lecteurs sa propre version de sa correspondance face aux ennemis ou amis qui adaptent ses lettres pour dénigrer ou louer l’auteur ?
Les procédés d’écriture sont difficiles à élucider lorsque les originaux font défaut, même si les critiques et les contemporains doutent de l’authenticité des lettres et affirment, à propos de Guez de Balzac, qu’elles ne sont que « romancières ». En revanche, dans d’autres cas, des manuscrits et des rééditions successives révèlent plusieurs couches de réécritures. Les nécessités de narration suivie ou de composition d’un recueil font modifier les dates et les lieux de la rédaction des lettres. Des extrapolations et des prophéties antidatées abondent. Les auteurs améliorent le style pour la publication, censurent des passages, en rajoutent d’autres. Quelquefois, une lettre se scinde en deux ou trois ou, au contraire, plusieurs épîtres se fondent en une seule. Le tri, effectué pour l’impression, fait éliminer plusieurs missives et impose une nouvelle logique à celles qui sont choisies. De nouvelles lettres apparaissent, rédigées a posteriori.
Des échanges permanents entre la correspondance, les journaux intimes, les mémoires et les souvenirs, les portraits littéraires et les œuvres romanesques, où des phrases, des alinéas ou de longs textes migrent sans cesse, nécessitent une critique génétique approfondie. Un genre se métamorphose en un autre. Des correspondances réécrites, réunies à un journal fictif, se transforment facilement en roman autobiographique, pour ne citer que les Mémoires de Madame de Montbrillant de Mme d’Épinay, défigurés lors de l’édition posthume.
Le mélange subtil des lettres authentiques retouchées et des lettres factices, fabriquées par l’auteur lui-même, fait naître des romans épistolaires que certains lecteurs et éditeurs prennent « à la lettre ». De nos jours, sans parler des siècles précédents, on réédite comme vraies des correspondances où tout n’est qu’un leurre. L’autofiction épistolaire fait concurrence à l’autofiction romanesque.
La
journée d’étude a pour l’ambition d’analyser ce
phénomène de l’« autopublication »
épistolaire à travers les siècles et les pays. On
souhaiterait laisser en marge des cas où l’écrivain
réunit, copie ou fait copier sa correspondance en vue d’une
édition posthume, utilise la forme épistolaire pour les
récits de voyages, aussi bien que pour des traités,
ouvrages ou critiques.
Argument
Paradoxalement, la radio ne semble pas être un média adapté au genre littéraire oral du dialogue. L’absence des interlocuteurs, la transmission des propos via la distance des ondes, l’écart entre le « langage mimique » de la conversation en présence, où toutes les attitudes du parleur font sens, et le « langage phonique » qui est le sien (Paul Deharme, « Idées sur le radio-théâtre »,1934), sans compter les nombreuses imperfections techniques de la reproduction et de la transmission à distance : autant de phénomènes qui, dans l’art du dialogue à la radio, donnent de l’importance à des obstacles nouveaux, ainsi qu’aux remèdes imaginés pour les atténuer.
L’intimidation du micro semble spécialement forte pour les écrivains, même doués à l’oral, plus habitués au long artisanat de la plume qu’à l’électricité de l’improvisation et plus préoccupés de bien dire que la moyenne des gens. L’idée que les écrivains sont faits pour écrire et non pour parler pèse sur leur rapport au micro, devant lequel, abandonnant leurs moyens habituels d’expression, ils doivent retrouver le chemin direct de l’oreille. Des émissions parlées comme « Le Quart d’heure de la N.R.F. » (1938-1939, vingt émissions), confiée par Jean Paulhan au romancier Henri Calet, sont révélatrices de la tension entre écriture et conversation que vivent les générations littéraires de l’entre-deux-guerres. A l'inverse, c'est bien le relief vivant de la parole, notamment populaire, que recherche un Frédéric Lefèvre, robuste romancier populiste, intervieweur de la célèbre série "Une heure avec..." publiée des années durant dans Les Nouvelles littéraires, pour la version radiophonique qu'il en donne sur Radio-Paris à partir de 1930.
Les grands entretiens-feuilletons des années cinquante (entretiens développés en série, de dix à quarante émissions) contribuent à décontracter le rapport des écrivains aux genres dialogués à la radio. Un premier colloque organisé sur le sujet en 1999 a fait apparaître les tensions internes à une pratique d'un genre que son inventeur, Jean Amrouche, a tenté de codifier en 1952 dans "Le Roi Midas et son barbier". Il lui a donné une vocation à la fois critique et créatrice, l’improvisation imposée à l’écrivain visant dans le même temps à obtenir de lui « une création verbale, en présence du micro ». Suivent en 1950 et 1951 : André Parinaud avec Colette, puis Michel Manoll avec Cendrars, Robert Mallet avec Léautaud, André Fraigneau avec Cocteau, Roger Iglesis avec Ghelderode. Parinaud, Manoll et Mallet, rejoints par Pierre Sipriot, recommencent avec d’autres écrivains en 1952 et 1953 : Carco, Paulhan, Paul Fort, Breton, Montherlant, Benda.
Ces nombreux imitateurs
développent le genre naissant dans des sens qui leur sont
propres. Ainsi, tandis que Jean Amrouche, sensible plus que d'autre au
pathétique du jeu, rêve d'un ton de conversation pour des
dialogues souvent plus dramatiques que détendus, Robert Mallet,
quand il s'entretient avec Léautaud ou Paulhan, se compose un
personnage en fonction du naturel de son interlocuteur, avec
comme référence l’impromptu de comédie. Cette
notion d’impromptu théâtral, incorporée dans l’action
d’une conversation uniquement entendue, est déjà ce que
certains chroniqueurs de l’entre-deux-guerres relèvent comme
l’idéal des disques de conférences, ou la réussite
des causeries de Colette sur le Poste-Parisien en 1939, judicieusement
dialoguées. C’est la présence de ce naturel du ton qui
fait le phénoménal succès, en 1951, des entretiens
de Léautaud, ce « vieillard
incourbé » qui « n’a pas fondu au feu
douceâtre du magnétophone » ni de
« la voix cajoleuse et pénétrée
d’âme du speaker ».
18-19 juin 2009 - CRETEIL (94) - L’invention de soi après une crise
Journées d'étude
à l'Université Paris EST (Université Paris 12-Val
de Marne) (Métro Créteil
université )
Faculté des Lettres, Bâtiment I
(bâtiment central), Salle 223 (2è
étage)
JEUDI 18 JUIN
Avec la participation de Philippe Lejeune et de Bruno Petey-Girard
9h15 : Ouverture de la
journée par Sylvie Jouanny
Penser la crise
9h30 : Roberto POMA : « Crise et individuation ».
9h50 : Paul MENGAL : « Anton Reiser ou la parole impossible ».
10h10 : Nicolas VOETZEL : « Crise et invention de soi : Penser la maladie avec Nietzsche ».
10h30 : Eric PELLET :
« Crise logique, crise poétique : l’exemple de
Ponge ».
10h50 : Questions – Pause
café
S’inventer par l’écriture
11h30 : Bastien ENGELBACH : « L’invention de soi dans le langage. Application de la théorie de l’identité narrative à des cas littéraires (Ricoeur, Celan, Kertesz) ».
11h50 : Françoise SIMONET-TENANT : « Le journal de deuil (M. Curie, C. Pozzi, Gide) ».
12h10 : Françoise
BARTHELEMY : « Ecriture autobiographique et
autofiction : Sasa Stanisic et l’invention de
l’écrivain ».
12h30 : Questions et discussion
générale de fin de matinée.
13h : DEJEUNER
Identités troubl(é)es
14h30 : François DACHET : « L’invention de soi ».
14h50 : Karine GROS : « Claude-Louis Combet : L’invention identitaire ou la dissipation de soi »
15h10 : Michelle
RUIVO-COPPIN : « Les Sept Noms du peintre de
Philippe Le Guillou ».
15h30 : Questions – Pause
café
S’inventer autrement
16h10 : Marie-Cécile DAVERGNE : « De la BD au film d’animation : l’invention de Marian Satrapi après l’exil ».
16h30 : Christine
PENET-BELLEVILLE : « Autobiographie, littérature de
jeunesse et invention de soi : Tomi Ungerer ».
16h50 : Questions et discussion finale
VENDREDI 19 JUIN
9h15 : Ouverture des travaux : journée des doctorants
NB : Cette demi
journée souhaite donner largement la parole aux
doctorants : les communications pourront être de 20mn et
suivies immédiatement de questions.
9h30 : Jean-Jacques MASOT-URPI:
« S’inventer au théâtre après quelle
crise ? »
10h00 : Afef FOURATI:
« S’inventer après l’exil »
10h30 : Viviane BOULÉ:
« Une crise identitaire dans le roman gabonais : l’exemple
de Angèle Rawri et Jean Diwassa Nyama »
11h-11h15 : PAUSE
11h15 : Maja SARACZYNSKA :
« S’inventer grâce au spectacle théâtral
: « aujourd’hui, c’est mon anniversaire », bilan du
Théâtre de la mort, de Kantor »
11h45 : Chahira ABDALLAH :
« L’autofiction dans l’œuvre d’André Gide : l’exemple
de Corydon »
12h15 : Discussion, synthèse
Colloque international organisé par la Fondation de la Résistance, le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, l’Université de Franche-Comté et la Fondation de la Résistance
Responsables scientifiques : Bruno Curatolo, Professeur de littérature française, et François Marcot, Professeur d’Histoire contemporain, (Université de Franche-Comté)
Date :
du mardi 13 octobre 2009 à 14 heures au jeudi 15 octobre 2009
à 17 heures
Lieu
Besançon - Petit Kursaal
Matin – 2ème séance – Résister en écrivant
Matin – 5ème séance – Face à la répression et aux persécutions
Après-midi (1) – 6ème séance – Face à la mort
Après-midi (2) – 7ème séance – Perspectives et conclusions
Responsables scientifiques : Bruno Curatolo et (U. de Franche-Comté) et François Marcot (U. de Franche-Comté et Musée de la Résistance et de la Déportation)
Membres :
Laurent Douzou (IEP de Lyon), José Gotovitch (Université
Libre de Bruxelles), Pierre Laborie (EHESS), Jeanyves Guérin
(Université de Paris-Sorbonne), Jean-Marie Guillon
(Université de Provence), Andrzej Paczkowski (Université
de Varsovie), Claire Paulhan (IMEC), Antoine Prost (Université
de Paris-Sorbonne)
5-7 novembre 2009 - CRAIOVA (Roumanie)
- Les brouillons sur soi
Colloque international organisé par l'université de
Craiova, les Archives et Musée de la Littérature de
Bruxelles, le réseau de recherche res* : "Études
francophones. Les brouillons sur soi. Génétique /
Poïétique"
Constitué en 2005 sur l'initiative de chercheurs roumains et de
chercheurs des Archives et Musée de la littérature (AML,
Bruxelles), res* a pour objet les études comparatistes dans le
champ des francophonies (culturelles et littéraires) et entend
promouvoir une réflexion théorique et critique visant
à comparer les situations, les cultures et les
littératures francophones.
Dans ce cadre, il semble important de rapprocher deux visées
critiques sur la littérature, la critique
génétique et la poïétique, essentielles pour
comprendre le parcours génétique d'une oeuvre et les
mécanismes de sa création.
La critique génétique est aujourd'hui l'un des domaines
les plus dynamiques et les plus productifs de la critique
littéraire. L'existence d'un vaste ensemble de documents,
souvent inexplorés, permet de reconstruire la création
d'une oeuvre, ce qui constitue un champ de recherche fascinant pour les
spécialistes.
Par ailleurs, la poïétique, pratique du comportement
auctorial, de la relation de l'écrivain avec l'oeuvre en train
de se faire, représente « la pensée possible
de la création » (Earl Miner, Poetiche della
creativita) et aide à retracer le processus d'instauration d'une
oeuvre.
Le présent colloque se propose de rapprocher des méthodes
qui, toutes deux, visent l'écriture comme devenir. C'est
pourquoi une première section proposera des réflexions
sur les perspectives communes des deux approches.
Indispensables à des démarches liées aux pratiques
d'écriture, des études sur des oeuvres littéraires
francophones seront, dans une deuxième section,
développées, y compris dans le dévoilement de
brouillons de documents poïétiques.
Enfin, grâce au concours des AML et à ses collections de
manuscrits, des études liées aux cas belges francophones
approfondiront les débats dans la dernière section du
colloque.
SECTIONS DU COLLOQUE:
I. Perspectives. La génétique des textes au gré de
la poïétique.
II. Réflexions. Les auteurs s'écrivent : brouillons,
préfaces, postfaces, correspondances, entretiens.
III. Analyses. Recherches sur des cas belges francophones.
Comité d'organisation : Marc QUAGHEBEUR (AML) ; Valentina RĂDULESCU (UCV) ; Laurent ROSSION (AML) ; Cristiana TEODORESCU (UCV) ; Monica TILEA (UCV) ; Alina ŢENESCU (UCV).
Comité scientifique: Irina MAVRODIN ; Marin BEŞTELIU ; Marie-France RENARD ; Christian ANGELET.
Les interventions seront limitées à 30 minutes.
Un résumé de dix lignes, accompagné du nom de
l'auteur, de son institution de rattachement et de son courriel, est
attendu jusqu'au 15 juillet 2009. Il est à adresser en fichier
attaché jusqu'à cette date, à l'adresse :
colloquegenetique2009@yahoo.com.
La décision du Comité scientifique sera communiquée le 15 septembre 2009.
Modalités financières
Il n'y a pas de taxe de participation.
Les actes du colloque seront publiés dans un volume collectif avec ISBN aux éditions Universitaria, Craiova. La publication des actes est prise en charge par les organisateurs.
L'hébergement et le transport sont à la charge des participants.
Les renseignements concernant l'hébergement et le programme final du colloque seront ultérieurement communiqués à tous les participants.
9h45 Accueil des participants
Matinée
Présidence : Françoise Simonet-Tenant,
Université Paris 13, CENEL
10h
Anne Coudreuse, Université Paris 13, Institut universitaire
de France : « Les Mémoires de Madame
Roland : être femme dans la tourmente de l’Histoire ».
10h30
Adélaïde Cron, Université Paris 3, « Les Mémoires de Madame de La Rochejaquelein ou
la guerre de Vendée au féminin : entre exaltation
épique et héroïsme au quotidien ».
11h
Henri Rossi, IUFM de Picardie, « Mémoires
et romancement ».
11h30-12h : Discussion
Déjeuner au restaurant
administratif de l’Université
12h15-13h45
Après-midi
Présidence : Véronique Bonnet, Université
Paris 13, CENEL
14h
Damien Zanone, Université catholique de Louvain-la-Neuve,
« S’énoncer femme et personnage dans
l’histoire : l’exemple de la duchesse d’Abrantès dans ses Mémoires ».
14h30
Béatrice Didier, Ecole Normale Supérieure, «
L'emploi du masculin dans les textes autobiographiques de George
Sand ».
15h
Jean-Louis Jeannelle, Université Paris 4, « Le sexe des Mémoires ».
15h30-16h : Discussion