Colloques et appels à contributions 2016




La mesure du temps - Romantisme 2016-4 - 1er mars 2016

La Grande Guerre et le phénomène du scandale - DIJON - 3-4 mars 2016

Ateliers d'écriture, ateliers d'édition - PARIS - 19 mars 2016

Vivre et témoigner. L'approche biographique - ANGERS - 20 mai 2016

La mer et moi - NANTES - 3-5 juin 2016

Auto/biographie, télescopie, temporalité - ROME - 20-21 juin 2016



Merci de m'indiquer les colloques et rencontres... qui ne figurent pas encore ici, et devraient y figurer !
philippe.lejeune@autopacte.org

Dernière mise à jour : 28 février 2016



1er mars 2016 - Romantisme 2016-4 - La mesure du temps

Appel à contributions de la revue Romantisme pour son n° 4 de 2016.
Propositions à envoyer avant le 1er mars 2016 à Laurent Clauzade (noille.clauzade@wanadoo.fr)


« La Terre est peuplée d’êtres intelligents depuis six mille ans, c’est-à-dire depuis six minutes ».
(H. Taine, « D’un nouvel essai de philosophie religieuse. Ciel et terre par Jean Reynaud », Revue des deux Mondes, août 1855)
« La Terre est peuplée d’êtres intelligents c’est depuis cent ou deux cent mille ans, c’est-à-dire depuis cent ou deux cents minutes »
(H. Taine, « Philosophie religieuse. Ciel et terre par Jean Reynaud », Nouveaux essais de critique et d’histoire, 1865)

En 1855, Taine mesurait l’ancienneté de l’humanité conformément aux chronologies établies à partir de la Bible ; en 1865, la mesure passait d’une estimation ponctuelle de 6 000 ans à une fourchette de 100 000 à 200 000 ans. Ce changement est doublement significatif, non seulement d’un bouleversement dans la mesure des temps préhistorique, mais aussi du passage d’un référentiel religieux à un référentiel scientifique, essentiellement géologique et biologique.
Mais le XIXe siècle n’est pas seulement le témoin de phénomènes de dilatation ou de resserrement de l’échelle temporelle : comme le rappelle Hartmut Rosa, c’est à la même époque que, grâce aux développements techniques (cartographie, transports, diffusion des horloges mécaniques), le temps s’émancipe l’espace « pour devenir de plein droit une dimension autonome du monde » : une dimension finalement tellement prégnante qu’on en oublie qu’elle doit être construite et mesurée.
C’est à la construction et à la mesure du temps que sera consacré la quatrième livraison de Romantisme en 2016. Plusieurs axes sont envisagés pour traiter de cette question. Le premier est consacré à la mesure « objective » du temps. Du point de vue des techniques de chronométrie, et si l’on fait abstraction des premiers essais d’horloge électriques, le XIXe semble vivre sur les découvertes des siècles précédents. Ce qui le caractérise, en revanche, c’est la diffusion massive des horloges mécaniques, et l’avènement, vers la fin du siècle, de mode de production industriel. La détermination du méridien de référence, qui fut longtemps disputée entre la France et l’Angleterre, a permis la construction d’un « temps mondial », et a contribué à l’autonomisation de la dimension temporelle. De la même façon, on pourra s’intéresser à la mesure des phénomènes temporels : le champ en est très divers, de l’invention du métronome en musique, aux expériences scientifiques. les montages de Léon Foucault sont un bon exemple de cette dernière catégorie, qu’il s’agisse de la mesure comparative de la vitesse de la lumière dans l’eau et dans l’air en 1853, célèbre cas d’expérience cruciale devant décider de la nature de la lumière (voir Duhem 1906), ou de la détermination de la vitesse de la lumière en 1862. Enfin il conviendra de rappeler le rôle déterminant de la géologie dans la mesure des époques de la terre.
La mesure de l’ancienneté de la terre ou celle de l’humanité forment une transition vers le second axe, dévolu à la mesure du temps historique. Les hésitations de Taine marquent bien que son époque est celle de L’invention de la préhistoire (N. Richard, 1992). Mais on peut penser aussi aux périodisations des temps historiques, qu’elles soient l’œuvre d’historiens, de philosophes de l’histoire, ou encore d’utopistes. On prêtera aussi une attention particulière aux périodisations en histoire de l’art, ainsi qu’aux effets de chrononymie.
La mesure du temps par les institutions sociales, dans une perspective socio-politique, fournit un troisième axe. Le XIXe siècle français, dans la continuité du calendrier révolutionnaire, a été fécond en calendriers nouveaux : John Tresch (2012) a récemment souligné l’importance du calendrier positiviste conçu par Auguste Comte. Mais ce n’est peut-être là qu’un aspect d’un phénomène plus large, celui de l’opposition entre le temps religieux et le temps laïc, opposition qui parcourt tout le siècle. Le temps laïc qui s’installe en ce siècle pose de nouveaux repères et de nouveaux problèmes : c’est, par exemple, celui de la mesure de la valeur du travail, indissolublement liée à celle du temps de travail ; c’est la question de l’accélération sociale, thème porté par Hartmut Rosa ; c’est enfin celle de la mesure du temps de la journée : de l’heure du dîner, de l’emploi du temps, etc.
L’ensemble de ces thématiques sera abordé à partir des corpus philosophiques, scientifiques, et historiques ; mais il pourra être aussi étudié, bien entendu, à partir du corpus littéraire: on sera alors particulièrement attentifs à la façon dont le temps institué croise, dans l’écriture fictionnelle ou mémorialiste, le temps vécu.


Ce dossier de Romantisme sera le quatrième de 2016, à paraître pour la fin de l’année. Les propositions d'une page au maximum comportant un résumé et une brève notice biobibliographique sont à adresser avant le 1er mars 2016 à Laurent Clauzade (noille-clauzade@wanadoo.fr). Les articles achevés (qui ne devront pas excéder 30 000 signes espaces comprises) avec leurs illustrations (libres de droits, en 300 dpi, et ne dépassant pas 2 Mo) devront être remis le 15 août 2016 aux responsables du numéro. Ils seront accompagnés d'un résumé en français de 800 signes espaces comprises. L'éditeur prendra en charge les traductions des articles en langues étrangères.

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Romantisme : normes éditoriales
Conseils aux auteurs.

1.    Chaque article doit comprendre la mention de l’université/laboratoire dont dépend l’auteur et être accompagné d’un résumé en français de 900 signes (espaces compris).

2.    Les auteurs souhaitant publier des illustrations doivent fournir :
-    une image de bonne résolution : 300 dpi et 11 cm de large. Si l’image ne correspond pas à ces critères, elle sera immédiatement rejetée.
-    Mode niveaux de gris (les illustrations transmises en couleur seront automatiquement passées en niveaux de gris).
-    Leur poids ne doit pas dépasser 2 Mo pour qu’elles puissent être aisément intégrées aux épreuves.
-    un justificatif d’acquittement des droits de reproduction ou d’autorisation de reproduction si l’image n’est pas libre de droits.

1.    Pour la rédaction des articles eux-mêmes, toute liberté est laissée aux auteurs, à l’exception des deux points suivants.
a) l’espace est toujours identique entre deux paragraphes. Il est donc inutile d’ajouter des blancs entre paragraphes sur le manuscrit : ils seront supprimés (de même que les astérisques, ou tout autre signe de séparation).
b) en revanche, sauf volonté expresse de l’auteur, il est d’usage d’introduire des intertitres dans l’article, pour faciliter la lecture : de 3 à 5 en moyenne par article. Il est possible, en cas de nécessité, d’ajouter un deuxième (mais un deuxième seulement) niveau d’intertitre.

2.    Pour l’essentiel, le code typographique en vigueur dans Romantisme est conforme à celui des Règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, auquel on pourra se reporter.

3.    Pour les citations, les normes de ponctuation sont les suivantes :
- la citation est entièrement fondue dans le texte et ne comporte que quelques mots : La cigale de la fable dut contrainte d’aller chercher secours « chez la fourmi sa voisine ». Point final à l’extérieur des guillemets.
- le début de la citation est fondu dans le texte mais elle se termine par une phrase complète : Mme Lepic compare les cheveux de Poil de Carotte à des « baguettes de tambour. Il userait un pot de pommade tous les matins ». Point final à l’extérieur des guillemets.
- la citation débute par une phrase complète. Son premier mot prend une capitale initiale : Le poète Terence affirmait : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » Point final à l’intérieur des guillemets.

4.    Place des appels de notes : l’appel de note précède toujours le signe de ponctuation. En fin de phrase, il sera suivi du point final. En fin de citation, il se place avant le guillemet fermant : Chateaubriand l’appelle « le grand expiateur1 ».

5.    Pour les références bibliographiques en note, l’usage est le suivant :
- pour la citation tirée d’un livre :
Prénom (en toutes lettres, et non l’initiale seule) Nom (en bas de case : sans petites capitales ou capitales), Titre, lieu d’édition (même s’il s’agit de Paris), éditeur, collection (le cas échéant), année, page.
- pour la citation tirée d’un chapitre de livre collectif :
Prénom Nom, « Titre du chapitre », dans Titre de l’ouvrage collectif, Prénom Nom (dir.), lieu d’édition, éditeur, collection (le cas échéant), année, page.
- pour la citation tirée d’un article de périodique :
Prénom Nom, « Titre de l’article », Titre du périodique, année, numéro (n° 4), page.

NB : l’usage dans Romantisme est d’employer, au lieu des termes latins « in » et « op. cit. », les formules en français « dans », « ouvr. cité » et « art. cité ».

On doit donc veiller avec soin, pour éviter de fastidieuses corrections ultérieures, de mentionner tous les prénoms, les dates et lieux d’édition, la page de la citation ; on vérifiera toujours, pour les périodiques anciens, si l’article fait partie ou non du titre (ce qui détermine l’emploi de la majuscule et des italiques) : toutes choses que nous mentionnons parce que ce sont les problèmes les plus fréquemment rencontrés au moment de la préparation de la copie.

6.    Pour la bibliographie de fin de dossier, l’usage est le suivant :
- pour un livre :
NOM (petites capitales) Prénom, Titre, lieu d’édition (même s’il s’agit de Paris), éditeur, collection (le cas échéant), année.
-    pour un livre collectif :
NOM Prénom (dir.), Titre de l’ouvrage collectif, lieu d’édition, éditeur, collection (le cas échéant), année.
-    pour un article de périodique :
NOM Prénom, « Titre de l’article », Titre du périodique, année, numéro (n° 4), page (p. 12-28 et non pp. 12-28)

7.    Pour les comptes rendus, l’usage est le suivant :
- pour un livre :
Prénom NOM (petites capitales), Titre, lieu d’édition (même s’il s’agit de Paris), éditeur, collection (le cas échéant), année, nombre de pages.
- pour un livre collectif :
Prénom NOM (petites capitales) (dir.), Titre de l’ouvrage collectif, lieu d’édition (même s’il s’agit de Paris), éditeur, collection (le cas échéant), année, nombre de pages.



3-4 mars 2016 - DIJON – Tuer les fils – La Grande Guerre et le phénomène du scandale

Appel à communications

Colloque interdisciplinaire

EA 4182 TIL – MSH – Collège doctoral franco-allemand

Université de Bourgogne 3- 4 mars 2016

Le thème du scandale ouvre sur la Première Guerre Mondiale une double perspective de regard analytique :

- L’une concerne les présupposés du discours dominant, des arguments patriotiques et de l’hommage rendu au sacrifice des jeunes générations. Une certaine conception du devoir sacré envers la patrie a généré le scandale de la désertion, des mutineries, de l’objection de conscience. Scandale bavard, argumenté, durablement évoqué.

- L’autre perspective concerne le scandale même de la guerre en général et de cette guerre en particulier. Il s’agit du scandale que constitue, pour une société, le fait de tuer ses fils et de le faire d’une manière aussi brutale, aussi massive. Celui-ci fut un scandale muet, que l’on peut voir exprimé de manière oblique dans l’art et la littérature. Il dénonce, par des voies multiples, le dérèglement d’une société adepte du progrès et qui a pu faire admettre socialement, pendant 4 longues années d’impuissance politique et de discours idéologiques pervers, le massacre organisé des fils.

La corrélation de ces deux perspectives repose sur l’étymologie même du mot de scandale : le mot grec σκάνδαλον, qui désigne un piège, correspond au latin scandalum qui signifie une pierre d’achoppement, un obstacle qui fait trébucher et tomber. Le phénomène du scandale se présente comme imprévisible par essence, il repose sur un impensé, et représente une forme de violence et d’enfermement. Par définition, un scandale échappe à ses protagonistes, qu’ils soient victimes ou dénonciateurs, tous étant mus par des forces trop puissantes pour être identifiées, ou simplement appréhendées à défaut d’être contrôlées.

Le délai qu’il a fallu aux historiens, pour se pencher sur les aspects les plus tabou du conflit, dit assez la force du non-dit et l’ampleur de ce qui est longtemps demeuré inexploré. La commémoration de 2014 ne saurait donc oublier de faire retour sur toutes les formes de scandales qu’a constitué ou généré pour certains l’événement lui-même de cette guerre, dans son avènement autant que dans son déroulement. Ce colloque devrait également permettre de porter un autre regard, plus contextualisé, sur toute une série de scandales artistiques, très étudiés dans le domaine de l’histoire de l’art, et peu considérés dans leur dimension historique précise.

Ce colloque interdisciplinaire entend croiser les approches, et des propositions d’historiens, de psychologues, de littéraires, d’historiens de l’art, d’archéologues, de sociologues, de linguistes, (liste non exhaustive)  sont souhaitées.

Le colloque se tiendra en anglais et en français.

Merci d’envoyer une proposition de communication ainsi qu’une courte bio-bibliographie à Françoise Bort (francoise.bort@u-bourgogne.fr), Sylvie Crinquand (s.crinquand@orange.fr) ou Olaf Müller (muelleo@uni-mainz.de) avant le 1er octobre 2015.

 

19 mars 2016 - PARIS - Ateliers d'écriture, ateliers d'édition

Table ronde organisée par l'Association pour l'autobiographie (APA), le samedi 19 mars 2016 de 14h30 à 17h à l'Ecole normale supérieure (salle Dussane), 45 rue d'Ulm, 75005 Paris. Débat présenté par Véronique Leroux-Hugon avec la participation de :
Philippe Aigrain, informaticien, chercheur et écrivain
Hélène Merrick (Ecrituriales)
Pauline Peretz, historienne, directrice éditoriale de « Raconter la vie »,
Isabelle Rossignol, romancière, animatrice d’ateliers d’écriture


20 mai 2016 - ANGERS - Vivre et témoigner. l'approche bioographique

Colloque organisé par la SFR Confluences, le Laboratoire de psychologie des Pays de la Loire (LPPL) et le Laboratoire 3LAM
Miason de la Recherche G. Tillion, Amphi Germaine Tillon, 5 bis Bd Lavoisier, Angers.

8h00 Réunion du comité d’organisation
9h00 Café d’accueil
9h30 HISTOIRES EN PAROLES
Introduction de la matinée : Alix BERNARD, Maitresse de conférences, Co-responsable de l’axe 1 Patrimoines, Ecritures et Cultures de la SFR Confluences, LPPL Alex LAINE, Philosophe, Auteur de « Faire de sa vie une histoire »

Etre accompagné via l’approche biographique (30 min)
Témoignage d’Anne Laure JULIEN et Nathalie ALOPEAU

Accompagner via l’approche biographique (1h)
Nina DURAND, Praticienne en sociologie clinique – Les femmes et leur histoire
Gaël RENOUX et Cécile ROYANT, Éducateurs spécialisés - L'accompagnement singulier d'une mère et ses enfants dans le cadre d'une "aide contrainte"
Anabela RODRIGUES, Coach - Des ressources humaines vers le récit de vie, quelles limites ?
Manuela BRAUD, Doctorante en sciences de l’éducation, Biographe et Psychologue - Le récit de vie anticipateur ou comment prendre le temps de construire son avenir ?

Pause-café (15 min) 

P.A.P.I. « Du Dire confisqué à l’écrire partagé » : Récit de vie en images
(30 min)
Michelle et Yves HARDOUIN, Scénariste et Réalisateur, Productions Clap et Court 2015
 L’attachement narratif (20 min) Aubeline VINAY, Professeure de psychologie, LPPL
 Preéentation de Gaston PINEAU, Un pionnier des histoires de vie (10 min) Christine ABELS-EBER, Docteur en sciences de l’éducation
 Retour sur expériences (30 min) Gaston PINEAU, Co-Fondateur de l’Association Internationale des Histoires de Vie
en Formation (ASIHVIF)

12h30 – 14h00
Déjeuner

14 h
RE-TRACER MA VIE
Introduction de l’après-midi Anne-Rachel HERMETET, Maitresse de conférences, Co-responsable de l’axe 1 Patrimoines, Ecritures et Cultures de la SFR Confluences Emmanuel GRATTON, Maitre de conférences, LPPL
 En écriture (45 min) Philippe MENAUT, Formateur en travail social - Du détour autobiographique d'un
handicapé de la vue à une école de l'existence
Raoul GARNIER, Ecrivain et Cadre supérieur de santé retraité – Cheminement d’un JE : du silence à sa proclamation !
Catherine ECOLE-BOIVIN, Écrivaine et Doctorante - Biographie, histoires de vie, l’objet et son habit de mémoire
 En atelier (40 min) Annemarie TREKKER, Sociologue clinicienne, Auteure, Éditrice, Fondatrice de
l'Association Traces de vie - La petite musique de nuit de l'écriture Benoit FROMAGE, Professeur de psychologie, LPPL - A l'épreuve des trois arbres
Pause-café (15 min)  En recherche (40 min)
Nadja MAILLARD, Maitresse de conférences, CERIEC et Violaine BIGOT, Maitresse de conférences, DILTEC – Ecriture de soi en réseaux : les chroniqueuses Facebook
Sandra CONTAMINA, Maitresse de conférences en littérature hispanique, 3LAM –
Thérèse sur le divan
 Retour sur expérience (30 min) Philippe LEJEUNE, Président de l’Association pour l’Autobiographie (APA)

17h30 Conclusion



3-5 juin 2016 - NANTES - La mer et moi

Journées de l'autobiographie, organisées par l'Association pour l'autobiographie (APA) à Nantes, au Centre des Naudières (31 rue des Naudières,  44400 Rezé). Le programme sera diffusé au mois de mars 2016. Inscription fin mars début avril.


20-21 juin 2016 - ROME - Auto/biographie, télescopie, temporalité

Appel à contributions (échéance : 10 janvier 2016, voir ci-dessous)


 XVème rencontre de l’Observatoire Scientifique de la mémoire écrite, orale, filmique et du patrimoine autobiographique

En collaboration avec la  Biblioteca di storia moderna e contemporanea et l’Istituto centrale per i beni sonori e audiovisivi, Via Michelangelo Caetani 32 - 00186 Rome-Italie


Selon quelles modalités linguistiques et quelles perspectives dans l’espace et dans le temps  les récits auto/biographiques  donnent-ils du sens au passé? De quelle manière  auto/biographies de personnalités connues et de gens ordinaires structurent-elles le temps du récit et le temps de l’évènement?  Comment la mémoire est-elle rendue?
Il est certainement plus canonique de reconnaître des stratégies discursives intentionnellement mises au point par des auteurs qui ont décidé de s’exprimer à travers la création d’un code, d’un style (comme cela apparaît évident dans les  Mémoires d’outre-tombe  de  F. R de Chateaubriand  ou dans les  Confessions de J.-J Rousseau) et cela  pendant que seulement des instruments ad hoc permettent les analyses d’expressions autobiographiques de gens ordinaires ou de personnes issues de milieux  où prévaut principalement la volonté   de communiquer au-delà de l’intention de poursuivre une rhétorique et où le contenu est plus important que la forme (cf.: A. Piromalli-D. Scarfoglio, Pier Paolo Pasolini, volgar’ eloquio, Napoli, Athena, 1976, p. 60). Le même, dans de nombreuses autobiographies de personnalités scientifiques, par exemple, faisant état des résultats  de  leurs recherches fait revisiter  leur précédent parcours dans une vision globale nouvelle.  Et dans les arts figuratifs habiller le passé avec des coutumes du présent a été récurrent.
Sans vouloir entrer -  par le biais de cette esquisse rapide - dans la vaste bibliographie spécifique des études classiques de critique littéraire de M. Bakhtine  à G. Genette, Ph. Hamon, Ph. Lejeune, W. Pater,  C. Segre, J. Starobinski ou linguistiques  de  Benveniste à M. Grévisse, G. Lakoff, W. J.  Ong,  H. Weinrich ou historiques de  Gramsci à  Benjamin, jusqu’aux recherches sectorielles proprement dites, la question de fond que nous voudrions traiter examine comment le je rend plausible - et en recourant à quelles rhétoriques - son récit de vie et l’enracine dans l'ici et maintenant.
Des suggestions de réflexions peuvent provenir  de la lecture du  Le miroir d’Hérodote. Essai sur la représentation de l’autre de François Hartog qui détermine comment Hérodote se positionne  sur le plan autobiographique en tant qu’historien et en usant de quelles stratégies narratologiques, il rend explicite son présent à travers l’enquête, l’historiê.  Pour communiquer celle-ci,  Hérodote utilise aussi  la première personne:  « Pour moi, je ne prétends point décider si les choses se sont passées de cette manière ou d’une autre », Histoires : I, 5. Le je au présent renforce-t-il ou affaiblit-il le témoignage? Il tient aussi à communiquer avec exactitude la nature du matériel qu’il a utilisé:
« jusqu’à Éléphantine, j’ai vu les choses par moi-même; quant à ce qui est au delà de cette ville, je ne le sais que par les réponses que l’on m’a faites ». Histoires : II, 29. Il raconte des légendes vécues comme vraies parce  qu’assimilées dans la culture des gens. Si on regarde le théâtre de narration actuel de Celestini, di Paolini, di Perrotta, on voit comment des techniques anciennes de relation y sont présentes, très proches des démarches d’Hérodote, l’histoire étant considérée comme un ensemble de faits qu’on peut certifier,  mais aussi comme le résultat de croyances, de lectures mythiques du réel entrées dans le vécu. Un choix que Thucydide niera en donnant une très grande importance à l’écrit.  Pour Hérodote revenir au je, après avoir employé la troisième personne, est selon Hartog revenir  aux points de référence familiers de l’hic et nunc de l’énonciation  (F. Hartog, Le miroir d’Hérodote,  p. 32).
 Hartog cite Grévisse qui définit le présent gnomique comme un présent qui dicte des sentences et qui évalue, souvent  accompagné  d’opérateurs (pronoms, et adverbes surtout) tels qu’ainsi, en cette manière, voilà, etc. Dans le livre sur l’énonciation du temps, il attribue l’utilisation  du présent au commentaire et pas à la narration (présent commentatif).
Aussi, en outre, évoquer la vue et l’ouïe signifie vouloir rapporter directement ce qu’on a vécu. Aristote affirme dans la Métaphysique que c’est  à travers  la vue que nous acquérons les connaissances majeures et relevons des différences.  Avoir vu rend digne de foi de relayer les faits.
On pourrait commencer beaucoup d’autobiographies par le dernier chapitre pour démêler la logique de l’œuvre, pour en tirer le fil qui raconte à la première personne afin de suivre la perspective d’un regard recouvrant et d’un horizon épistémique.
Par ailleurs, le concept d’éthos entre sûrement en jeu, selon la dictée d’Aristote, qui en parle dans  le  cadre plus large de l’ars oratoria et qu’on peut appliquer très clairement à la construction identitaire. S’il est désormais  acquis que l’histoire est toujours au présent et d’ordre interprétatif  (Gramsci, Benjamin), beaucoup d’espaces de recherche sur la manière dont cette perspective se structure et de quel sens elle se charge à chaque fois  restent néanmoins à découvrir, surtout pour ce qui concerne les témoignages de personnes qui n’assument pas le statut d’auteurs.

Quelques traces à parcourir :
1) Comparer journal intime et autobiographie. Peuvent émerger des conceptions antagonistes entre le récit de soi dans l’immédiat ou situé  à distance dans le temps. Un exemple marquant, entre autres, est celui de Rita Levi Montalcini, qui a écrit pendant toute sa vie des lettres où elle illustre au jour le jour, avec une très grande confiance dans le futur, les attentes, la joie pour son avancement scientifique, les circonstances qui l’ont permis, avec un constant sentiment d’espoir, d’ouverture, de prise en compte du hasard des découvertes ainsi que la place du jeu dans la vie. Un optimisme contagieux y transparaît. Dans les écrits autobiographiques, par contre, une vision pondérée, on dirait pessimiste, apparait comme le chiffre de sa philosophie de vie.  Un sens éthique fort domine, qui est la clé  de son écriture autobiographique. Il s’agit, pour son discours dans ce cadre-là, de l’emploi d’un présent fortement commentatif.
Très indicatives sont d'autres autobiographies de scientifiques pour lesquels le temps présent détermine la scansion du passé. Voir par exemple, le récent récit autobiographique de Svante Pääbo sur ses recherches sur le génome de l’homme de Neanderthal. Tout un passé est finalisé, rendu éloquent et cohérent, dans l’actualité de sa narration.  (S. Pääbo, Neanderthal Man. In Search of Lost Genomes, 2014).
 
2) L’oralité. Les intercalaires, les pauses, le choix des temps verbaux, la dilatation dans la description, la restriction ou l'effacement de certains  événements constituent des soulignements  des formes du récit auto/biographique. La présence de l’autre  a certainement une influence. Entretiens, confessions, etc. mettent en lumière des modalités singulières de transmission.  L’autre peut faciliter ou empêcher l’intégrité de se manifester. Dans le travail de construction de la subjectivité  à travers le récit et le travail sur la mémoire, est extrêmement significative l’utilisation de la première personne et du temps verbal du présent; un choix conscient ou inconscient du point de vue linguistique, qui signale un rapport spécifique entre le temps de l’événement et le temps du récit, entre le je qui raconte et le je qui a vécu l’évènement, comme on a déjà dit.  (Cf : É. Benveniste, «Les relations de temps dans le verbe français», in Id. Problèmes de linguistique générale, I, Paris, Gallimard, 1974; H. Weinrich, Tempus. Besprochene und erzählte Welt, 1964).
-  Des interviews sont aussi très indicatives de la manière de jouer avec le temps. Pour reprendre le discours sur le récit de soi des scientifiques, qui a été l’objet de  deux de nos précédentes publications, on peut voir, entre autres, le documentaire Fermat’s Last Theorem de Simon Singh et John Lynch où Andrew Wiles raconte la solution d’un théorème irrésolu pendant quatre siècles. Se raconter dans le présent illumine et rythme tout son passé. 
- Foucault met en évidence  un aspect particulier de l'oralité qu’il a  abordé dans Le courage de la vérité, à savoir qu’user de la dialectique avec l’autre et aller au-delà du contradictoire est un acte de courage parce qu’il implique le fait de se mettre en discussion.  Dans l’antiquité, il a été très  important de dire le vrai sur soi-même  tandis que se raconter et être écouté simultanément, sans décalage temporel a constitué un des caractères de l’éthique ancienne. Foucault a toujours réfléchi sur la notion de temps et sur les différentes techniques destinées à poursuivre une identité voulue, intentionnelle.   Il suffit de penser à L’Herméneutique du sujet, Cours au Collège de France, 1981-1982, Hautes Études, Paris, Gallimard-Seuil, 2001, en retenant le sujet par l’effet d’un vrai et constant travail de construction.

D’autres argumentations sont les bienvenues.

A) L’échéance pour présenter une proposition est fixée au  10 janvier 2016. Les propositions comprendront deux cent mots maximum, avec la mention de deux textes de référence ainsi qu’un bref curriculum de maximum cent mots comportant éventuellement la mention de deux de ses propres publications (essais ou livres).
Celui qui  veut lancer une session (qui comprendra trois ou quatre interventions) pourra envoyer, pour  le premier décembre 2015,  le sujet qu’il entend traiter en gardant les mêmes standards rappelés supra.  Le comité scientifique sera amené à lire et à sélectionner toute proposition  adressée directement au site 
http://mediapoliseuropa.com/ à la page conference registration.
Pour toute information::
beatrice.barbalato@gmail.com, irenemeliciani@gmail.com

B) La réponse définitive sur l’acceptation sera donnée avant le 10 février 2016.

C) En ce qui concerne les cotisations à l’inscription et pour connaître les matières des symposiums des années précédentes, les activités, ainsi que l’équipe scientifique et organisatrice, visiter le site: http://mediapoliseuropa.com/

L’association Mediapolis.Europa coopère à la publication de la revue Mnemosyne, o la costruzione del senso, Presses universitaires de Louvain, qui a édité plusieurs interventions des colloques passés.

Comitato scientifico
Beatrice Barbalato, Mediapolis.Europa, et Université catholique de Louvain
Fabio Cismondi, Euro Fusion
Irene Meliciani, Mediapolis.Europa
Albert Mingelgrün, Université Libre de Bruxelles
Giulia Pelillo-Hestermeyer, Universität Heidelberg
Edgar Radtke, Universität Heidelberg 
Francesca Socrate, Sapienza,  Università di Roma
Anna Tylusińska-Kowalska, Uniwersytet Warszawski

Organizzazione
Irene Meliciani,  managing director Mediapolis.Europa