Que
l’on s’en enthousiasme ou que l’on reste méfiant à son
égard, nous sommes tous
concernés par le développement d’Internet qui envahit des
sphères de plus en
plus nombreuses de notre vie. Chacun d’entre nous est amené
à l’utiliser pour
s’informer, pour travailler, pour consommer, pour communiquer. Mais,
d’abord
utilisateurs passifs, nous sommes conduits peu à peu à en
devenir des
utilisateurs actifs, capables de nous emparer chacun pour notre compte
des
potentialités formidables d’expression et de
développement personnel qu’il
recèle.
L’explosion
des blogs en est un signe parmi d’autres. Ce qui était le moyen
d’expression de
rares pionniers est devenu phénomène de masse et a
conquis des personnes qui
n’avaient pas l’habitude de s’exprimer. Une part de la population
toujours plus
large s’empare de ce nouveau média l’abordant sous des formes
très diverses et
selon des modalités que les améliorations techniques
incessantes rendent sans
cesse changeantes.
Un
tel phénomène ne peut en tout cas laisser
indifférent les amateurs et
praticiens de l’écriture personnelle et de l’autobiographie.
Nous ferons une
plongée dans ce monde nouveau et mouvant à l’occasion de
notre prochaine Table
ronde le samedi 17 mars 2007 qui réunira observateurs et
praticiens du
phénomène :
L’idéaliste, tient depuis février 2000 son
journal en ligne
(« journal intime introspectif devenu peu à peu un
roman de vie partagé en
direct avec le lectorat », AlterEgo (http://www.chez.com/diariste/),
doublé
depuis peu d’un blog en complément (http://alteretego.canalblog.com).
Il présentait son journal aux lecteurs de La Faute à
Rousseau dès juin 2002
(Paradoxale intimité, FAR n° 30). Philippe De
Jonckheere,
photographe à l’origine, passionné de création
multimédia, influencé par Perec
comme par l’Oulipo, a construit un vaste site Désordre
(http://www.desordre.net) (voir
La Faute à
Rousseau n° 42) dans lequel cohabitent journal en ligne, journal
photographique
et créations multimédias originales parfois
réalisées en collaboration. Tarquine,
auteure du très sensible De bric et de blog
(http://bricablog.net) dans lequel
elle mêle
sentiments personnels, évocations de sa vie de famille et de son
blogomonde,
réflexions juridiques et sociétales est avocate et pourra
nous entretenir plus
particulièrement des aspects juridiques de l’expression en
ligne. Oriane
Deseilligny, auteure d’une thèse sur l’écriture de
soi dans le contexte d’Internet
pourra prendre le recul de l’observatrice et s’attacher à
repérer
particulièrement continuités et changements entre le
« Cher cahier »
et le « Cher écran ».
Pourquoi et comment écrire en ligne ? Y a-t-il
une spécificité à
cette forme d’écriture ?
Quelles autres moyens d’expression peut-on utiliser sur
Internet,
comment ceux-ci s’articulent-ils avec l’écriture, cela
conduit-il à de
nouvelles formes de création ?
Comment peut-on se dire sous le regard des autres ?
Peut-on parler
de journal intime en ligne ou d’une nouvelle forme d’expression
mêlant le souci
de soi et la volonté d’échange et de partage ?
De nouvelles sociabilités se construisent-elle
à partir de ces expressions
partagées et quelles formes prennent-elles ?
Que peut-on dire et que ne peut-on pas dire sur soi et sur
autrui ? Y a-t-il des dangers à s’exprimer en ligne?
Comment se protéger
des manipulations ou d’éventuelles actions malveillantes ?
Quels sont les
droits et devoirs des internautes ?
Voici quelques unes
des questions parmi beaucoup d’autres que nos
invités aborderont au cours de cette Table ronde.
Programme :
10 h – 12 h 30 : Études de genèse
Coordination :
Daniel Ferrer
–
Jean-Loup Bourget, Jean-Louis Jeannelle, Catherine Viollet.
Présentation
–
Jean-Christophe Blum. Chris Marker entre la mémoire et l'archive
: l'étrange cas d'IMMEMORY.
–
Cécile de Bary. Une réalisation "indirectement
autobiographique" : Georges Perec et les Récits d'Ellis
Island
–
Jean-Louis Jeannelle. Le dispositif d’autobiographie directe dans
Les Années Déclic de Raymond Depardon
14 h 30 – 15 h 30 : Tour d'horizon
Coordination :
Catherine Viollet
–
Roselyne Quéméner. Les films épistolaires
–
Véronique Montémont. L'image dans l'image :
l'iconographie dans le film autobiographique
15 h 30 – 17 h 30 : Table ronde « Journaux filmés »
Animée
par Philippe Lejeune, avec la participation de
–
Dominique Cabrera
– Alain Cavalier.
Autoreprésentation du savant et du chercheur entre
passé et présent
Journée d’étude (9h-18h) organisée
par Jean-Philippe Bouilloud (CERS/ESCP-EAP)et Anne Collinot (CNRS,
Centre Alexandre Koyré) avec le soutien de la SFHSH
Les récits autobiographiques sont des « faits sociaux » qui informent sur la fabrication de soi. Ils illustrent les manières multiples, soumises à une variabilité sociale et culturelle, dont un individu construit son identité personnelle, sociale et professionnelle.
Cette journée d’étude a pour objet les récits autobiographiques des savants, pour le temps passé, et des chercheurs, pour le temps présent : on se propose d’examiner les différentes modalités selon lesquelles les scientifiques s’expriment à propos d’eux-mêmes, de leur discipline et du rapport à leurs pratiques professionnelles. Cet examen part d’un double postulat : d’une part, l’analyse du style et de la façon dont un auteur organise sa vie dans un récit agit comme un révélateur de ses catégories conceptuelles ; d’autre part, la sélection des éléments de vie - et la construction des connexions les mettant en rapport, font du récit autobiographique bien plus qu’une simple reproduction de l’expérience : celui-ci peut être interprété au vu des normes et des principes qui le régissent ainsi que des croyances et des représentations qui s’y trouvent mobilisées.
L’objectif est de mettre au jour, d’une part les modes d’autoreprésentation mobilisés dans le récit, et, d’autre part, la diversité des fins dans lesquelles ceux-ci sont employés. On tentera, en particulier, d’apporter des éléments de réponse aux questions suivantes : comment peut-on envisager les rapports entre les notions d’identité narrative et de persona scientifique ? - de quelles manières l’activité scientifique participe-t-elle à la mise en place d’un mode de vie et à un processus de construction de soi ? - comment le rapport à l’activité de recherche reflète-t-il les traits caractéristiques de notre société contemporaine ? - quelles sont les conditions de réception des récits autobiographiques scientifiques et quelles sont les attentes des lecteurs ?
En offrant la possibilité d’envisager la production de
« la vie de chercheur » comme un
phénomène propre à une culture et à une
société, et dont on peut faire l’histoire, cette
réflexion sur les différents modes
d’autoreprésentation du chercheur permet d’approfondir notre
conception du monde académique et de la recherche scientifique.
La journée d’étude est ouverte à toute personne intéressée (programme ci-dessous)
Contacts : Anne.Collinot@ehess.fr, bouilloud@escp-eap.net
9h-9h30 :
Introduction par Jean-Philippe Bouilloud (ESCP-EAP), Anne Collinot
(CNRS), Philippe Lejeune (Université Paris XIII)
Matinée présidée par Philippe Lejeune
(Université Paris XIII)
9h30-10h10 :
Jeremy D. Popkin (Université du Kentucky) « Aux
origines de l’autobiographie universitaire: le Wissenschaft der
Gegenwart in Selbstdarstellung de Félix Meiner (1921-1929).
»
10h10-10h30 :
Discussion suivie d’une pause
10h30-11h10 :
Anne Collinot (CNRS, Centre Alexandre Koyré)
« L’affirmation de soi dans les pratiques scientifiques :
exemples d’autoreprésentation de jeunes chercheurs en
informatique. »
11h10-11h50 :
Yann Potin (Université de Reims et LAHIC)
« L'impératif autobiographique de
l’abbé-préhistorien Henri Breuil : entre
comptabilité de l’au-delà et classement de
l’ici-bas. »
11h50h-12h30 :
Discussion suivie du déjeuner
Après-midi
présidée par Jacqueline Carroy (EHESS, Centre Alexandre
Koyré)
14h00-14h40
: Vincent de Gaulejac (LCS, Université Paris VII)
« Le chercheur et son vécu »
14h40-15h10 :
Jean-Philippe Bouilloud (ESCP-EAP) « Souffrir pour
comprendre – expérience individuelle et production
intellectuelle dans le récit de soi »
15h10-15h40 :
Discussion suivie d’une pause
15h40-16h20 :
Daniel Becquemont (Université Lille III) « L’impact
autobiographique des travaux du biographe – exemples à partir de
recherches sur Spencer et Darwin »
16h20-17h :
Discussion suivie d’une pause
17h-18h :
Discussion générale
18h : Cocktail de clôture
Colloque international organisé par J-F Chiantaretto et le groupe « Littérature personnelle et psychanalyse »
Centre de recherches en clinique Psychanalytique, Sociale et Culturelle
Unité Transversale de Recherche Psychogenèse et
Psychopathologie (Université Paris 13)
Renseignements : jfchant@wanadoo.fr
Programme
Les discours sur l’altérité sont de plus en plus présents dans les media, souvent mêlés pour le meilleur ou pour le pire à des préoccupations concernant l’identité et la différence, individuelle ou collective (politique, culturelle, ethnique, religieuse, sexuelle etc.). Il en va plus ou moins de même dans le champ des sciences humaines, la psychanalyse n’étant nullement épargnée par le phénomène. Il semble d’autant plus urgent de travailler à redonner à l’idée d’altérité la fragilité qui la constitue et la fonde, en interrogeant les conditions de possibilité intrapsychiques de toute relation à autrui.
L’altérité d’autrui ne peut être expérimentée et reconnue comme limite et source de toute relation que pour autant qu’elle trouve un lieu intérieur pour être ressentie, investie et discutée, au prix d’affronter l’ambivalence foncière liée au besoin de l’autre pour se sentir exister. Ce lieu intérieur à l’œuvre dans tout lien, ce lieu de l’intériorité est donné et toujours à construire avec la parole, issue du façonnage originel par les mots de l’autre.
Il n’y a de parole adressée que portée et nourrie par le dialogue intérieur avec l’autre et ses différentes figures, bonnes ou mauvaises, nouvelles et anciennes, actualisées ou inchangées. Mais la constitution de l’altérité interne suppose, outre ce dialogue au pluriel, outre le tissage identificatoire incessant de chaque sujet dans la singularité de son je, une psyché suffisamment contenante, un corps suffisamment parlé par le langage. Dans cette perspective, la question des figures de l’autre en soi concerne à la fois les représentations de l’autre, les identifications et les liens identifiants, les limites de la psyché (au sens des capacités comme au sens des frontières). Elle est à poser à la fois sous la forme positive de sa mise en œuvre et sous la forme négative de son empêchement. Et interroge la psychopathologie en requérant une approche plurielle, transdisciplinaire.
9H30 : Ouverture
9H45-12H Présidence : Marie-Claude Fourment (Paris)
Janine Altounian (Paris) : « Se remémorer les traces des défunts pour préserver une "altérité interne" »
Jean-François Chiantaretto (Paris) : « L’altérité interne et l’épreuve de soi »
Isabelle Lasvergnas (Montréal) : « Lorsque l’altérité est impossible : retour sur la notion de point de capiton »
13H30-15H45 Présidence : Nicole Beauchamp (Paris)
Arnaud Tellier (Paris) : « Posture anthropophagique et fusion identitaire »
Mireille Fognini (Paris) : « Une exploration de l’autre en soi dans le récit mythique de Gilgamesh »
Simon Harel (Montréal) : « Conflits d’altérité »
16H-18H15 Présidence : Eliane Allouch (Paris)
Anne Clancier (Paris) : « A la recherche de mon double »
Ghyslain Levy (Paris) : « L’autre de la mère et le désir d’auteur. Matricide et créativité »
Jacqueline
Rousseau-Dujardin (Paris) : « Christa
Wolf de nouveau : le rythme annuel d’une écriture de
soi »
Matin : 9h30-12h30
Présidence : Philippe Lejeune
« Le triangle des écritures. Rapports,
lettre et journal de la première traversée de
François d’Orléans (1831) »
« La lettre retenue » (la lettre non
envoyée insérée dans le journal)
« D’un pacte l’autre : le défi de
l’intime dans la lettre et le journal » (Stendhal, Vigny,
Sand…)
Après-midi : 14h30-17h30
Présidence : M.- F. Lemonnier-Delpy
« L’intime par correspondance : pratiques et
métadiscours, 1820-1850 »
« Pactes d’intimité (les cas de Catherine
Pozzi et de Helen Hessel) »
« Le Journal : une écriture sans contrat. A
propos du Journal de Gide »
1er-2 juin 2007 -
VICHY - Du journal intime au monologue intérieur
dans la littérature contemporaine
Lieu du colloque : Université de Bourgogne – Faculté de
Lettres et de Philosophie.
Organisation : Équipe de recherche «Textes, discours,
représentations» (dir. Martine Bercot), Jean Leclercq
(Université Catholique de Louvain) et Nicolas Monseu (FNRS et
Université Catholique de Louvain).
Les personnes souhaitant proposer une communication (soit d'ordre
théorique, soit sur un cas donné) sont invitées
à envoyer, au plus tard pour le 15 septembre 2006 :
·le titre de leur intervention ;
·un résumé de maximum 15 lignes ;
·une brève note bio-bibliographique permettant de situer
leur projet ;
à Nicolas Monseu, Université Catholique de Louvain,
Faculté de Philosophie, 14 Place Mercier, 1348 Louvain-la-Neuve
– Belgique (Courriel : Monseu@sofi.ucl.ac.be
)
Animée par Françoise Simonet-Tenant et Gilles Alvarez, cette rencontre a pour but de sensibiliser à la redécouverte et à la lecture d’une œuvre immense et diversifiée (130 livres publiés) où les écrits personnels ont une part importante (textes autobiographiques, journaux intimes, journaliers, mémoires). Marcel Jouhandeau est une des plus prestigieuses plumes de la NRF, un des grands écrivains français du XXe siècle.
Nous aurons le plaisir d’accueillir deux intervenants talentueux et passionnés.
- Jacques Roussillat, médecin de formation, auteur d’articles littéraires, est l’excellent biographe de Marcel Jouhandeau (Le Diable de Chaminadour, ed. Bertillat). Il prépare l’édition de la correspondance Marcel Jouhandeau-Jean Paulhan. Avec l’évocation de sa personnalité et de son œuvre, il se propose de nous démontrer que Jouhandeau est « L’Autobiographe par excellence ».
- Marie Méglin, professeur de Lettres, a consacré sa thèse ( ParisIII, Sorbonne Nouvelle) à l’écrivain, « thèse de cœur » intitulée : « Ceci est mon corps…lectures du corps dans les Journaliers de Marcel Jouhandeau ». Son intervention portera sur les différentes formes de l’écriture de soi chez Jouhandeau : « L’écriture jouhandélienne : une mise en Je ».
A l’issue de ces
exposés, une discussion s’engagera entre nos deux
spécialistes et le public présent, apaïstes
et/ou amateurs de Jouhandeau que nous invitons à venir nombreux
à cette manifestation.
Les ouvrages de Marcel Jouhandeau (cf. la bibliographie dans Le diable de Chaminadour de
Jacques Roussillat) sont très variés.
Pour ce qui est autobiographique, citons : Requiem / Les Miens / Portraits de Famille / Confidences. Chez Gallimard.
Et, chez le même éditeur, tous les Journaliers (28 volumes). Mais, également, les sept tomes du Cycle du Mémorial : Le Livre de mon père et de ma mère (I) /(…) Bon an, mal an (VII).
Par thèmes, on pourra découvrir aussi le Cycle d’Elise, le Cycle de Céline, le Cycle de la Duchesse (…), mais également beaucoup de romans autour de Chaminadour, des essais (De l’Abjection / Essai sur moi-même /…), des contes, du théâtre, des correspondances (Lettres d’une mère à son fils / Correspondance avec André Gide / Lettres à Max Jacob ), etc, ainsi que de nombreuses préfaces, Marcel Jouhandeau s’étant illustré dans la plupart des genres littéraires.
Les autobiographies
arabes du Bilād aš-Šām : objets d’étude et
sources de la recherche en sciences humaines
Colloque organisé
par l'Institut Français du Proche-Orient, à Damas, les 19
et 20 juin 2007
Argumentaire et Programme
Ce colloque visera
à approfondir la réflexion sur l’histoire de ce genre
littéraire et sur ses avatars contemporains dans la
région couverte par la Syrie, le Liban, la Palestine et la
Jordanie actuels (qui correspondent historiquement au Bilād aš-Šām).
A l’intérieur de cette aire culturelle, il s’agira
d’étudier les différents aspects pris par les œuvres
autobiographiques en langue arabe à travers les siècles,
en insistant sur la période contemporaine ouverte par la Nahḍa,
qui a vu le genre se développer de façon significative.
Dans un souci de pluridisciplinarité, on recourra aussi bien aux
outils de l’analyse littéraire et linguistique qu’à ceux
de l’histoire, de la psychologie et de l’anthropologie culturelle. Afin
de tracer les contours d’un genre multiforme, toutes les formes
d’écriture autobiographique seront prises en
considération, depuis la poésie et les chroniques
médiévales jusqu’aux « blogs », en
passant par les notices autobiographiques (tarājim, tabaqāt),
les récits de voyage (riḥlāt), les journaux intimes (yawmiyyāt),
les mémoires (muḏakkirāt) et les autobiographies
proprement dites (sīrāt ḏatiyya), mais aussi
l’écriture cinématographique et dramatique. Notre
objectif sera de repérer des dénominateurs communs, des
passerelles, des évolutions entre ces productions culturelles,
diverses mais accordant toutes à leurs auteurs
-identifiés dans chaque oeuvre au narrateur et au personnage
principal- une place prépondérante. Envisagées
d’abord comme objets d’étude, les autobiographies arabes du Bilād
aš-Šām seront ensuite questionnées comme sources de la
recherche en sciences humaines.
Les propositions
d’intervention (environ 300 mots), sont à envoyer avant le
28 février 2007, en français, en arabe ou en anglais.
Elles s’inscriront de préférence dans l’un des cinq axes
de recherche suivants :
Quelles ont
été les origines et les étapes dans la
constitution du genre autobiographique au Bilād aš-Šām ?
Les littératures étrangères ont-elles
influencé leur essor ou leur renouveau ? Quelle est la part
du spécifique et de l’universel dans les autobiographies arabes
de la région ?
Face à la
diversification des formes d’écriture de soi au Bilād aš-Šām,
il semble nécessaire de tracer les limites de ce qui
relève réellement de l’autobiographie, et de tenter une
classification. Quelle définition choisir ? Comment classer
en sous-genres des œuvres souvent hybrides ? Y a-t-il par exemple
une spécificité des autobiographies
féminines ?
Dans quelle mesure
l’héritage littéraire, mais aussi le contexte politique,
social et intellectuel, l’évolution des supports et des attentes
du lectorat influencent-ils les formes d’écriture
autobiographique ? Quel est le degré de
sincérité des auteurs et la cohérence des œuvres
vis-à-vis du projet annoncé et du pacte conclu avec les
lecteurs ? Pour qui et pourquoi écrit-on son autobiographie
au Bilād aš-Šām ?
Les autobiographies
arabes du Bilād aš-Šām constituent aujourd’hui des sources de
premier plan pour le spécialiste de la région
confronté à la relative absence ou à
l’indisponibilité des archives. Cependant, elles posent en
raison de leur caractère subjectif un certain nombre de
difficultés épistémologiques, qu’il convient de
mettre en évidence. Comment sont-elles différemment
appréhendées par les chercheurs en sciences humaines
(historiens, politologues, psychologues, anthropologues, etc.) ?
Les récits
autobiographiques intéressent non seulement les chercheurs, mais
aussi les éditeurs, les créateurs artistiques et les
professionnels des médias. Selon quelles méthodes ou
pratiques, et par quels processus sont-ils transformés en
productions (commerciales, artistiques ou médiatiques)
« dérivées » des originaux ?
Par ailleurs, quelle est la réception des autobiographies dans
les sociétés arabes contemporaines, auprès du
lectorat et des milieux intellectuels ?
Mardi 19 juin 2007
9h30-10h :
Ouverture du
colloque, par Jean-Yves L’HOPITAL (Directeur de l’IFPO)
Mots d’accueil, par Floréal SANAGUSTIN (Directeur scientifique
des études médiévales, modernes et arabes, IFPO –
Damas)
Introduction, par Maher AL-CHARIF et Kaïs EZZERELLI (Coordinateurs
du colloque, IFPO - Damas)
PREMIÈRE SÉANCE :
Genèse et définitions du genre autobiographique au Bilād aš-Šām
Président
de séance : Maher JARRAR (Professeur, Université
américaine de Beyrouth)
10h-11h :
Floréal SANAGUSTIN
(Directeur scientifique des études médiévales,
modernes et arabes, IFPO - Damas)
« Les origines du genre autobiographique chez les penseurs
médiévaux : le cas d’Avicenne (Ibn Sīna) »
Yumna AL-‘ID
(Écrivain et critique littéraire, Beyrouth)
« La question de la connaissance dans l’autobiographie et/ou
l’autofiction, entre vérité et vraisemblance »
11h-11h30 :
pause
11h30-12h30 :
Boutros HALLAQ (Professeur,
Université Paris III – Sorbonne Nouvelle)
« L’autofiction dans la littérature du Bilād
aš-Šām : genèse, caractéristiques et impact sur
la rénovation du genre romanesque »
Mohammed Kamil
AL-KHATIB (Écrivain, Ministère de la Culture, Damas)
« L’autobiographie dans la littérature arabe
contemporaine »
12h30-13h :
discussion
13h-14h30 :
déjeuner
DEUXIÈME SÉANCE :
Écritures autobiographiques (études de cas)
Présidente
de séance : Colette KHOURY (Écrivain, Damas)
14h30-16h :
Maher JARRAR
(Professeur, Université américaine de Beyrouth)
« Les mémoires des évangélistes
arabes »
Jamal CHEHAYED
(Chercheur, IFPO - Damas)
« L’autobiographie dans al-Bi’r al-ūlā et Šāri῾ al-amīrāt de Ǧabrā Ibrahīm Ǧabrā »
Éric GAUTIER
(Maître de conférences, IFPO-Damas, Université
Paris IV – Sorbonne)
« Deux récits autobiographiques de ‘Abd ar-Raḥmān
Munīf : Sīrat madīna, ῾Ammān fi-l-arba῾īnāt, et Umm an-Nuḏūr »
16h-16h30 : discussion
16h30-17h : pause
TROISIÈME SÉANCE :
Les autobiographies arabes comme sources historiques
Présidente de
séance : Sabrina MERVIN (Chercheur CNRS, IFPO – Beyrouth)
17h-19h :
Jamal BAROUT (Pensionnaire
scientifique, IFPO – Alep)
« Les mémoires comme sources d’écriture de
l’histoire »
Issam NASSAR (Professeur
assistant, Université de l’Illinois, Institut des études
sur Jérusalem)
« L’importance des mémoires et des journaux
personnels comme sources pour l’étude de l’histoire de
Jérusalem à l’époque ottomane et sous le mandat
anglais »
Munzer JABER (Professeur,
Université libanaise, Beyrouth)
« L’aiguille Rašīd Ṭalī῾ dans la botte de foin des
mémoires historiques »
Maher AL-CHARIF (Chercheur,
IFPO – Damas)
« Les Mémoires d’Aḥmad
Šuqayrī comme source pour l’étude de la période
fondatrice de l’OLP (1963-1967) »
19h-19h30 : discussion
QUATRIÈME SÉANCE :
Autobiographies et contextes historiques (études de cas)
Président de
séance : Issam NASSAR (Professeur assistant,
Université de l’Illinois, Institut des études sur
Jérusalem)
10h-11h :
Anne-Laure DUPONT
(Maître de conférences, Université Paris IV –
Sorbonne)
« Transformations sociales et culture arabe
réformiste dans les Muḏakkirāt de Ǧurǧī
Zaydān (1861-1914) »
Kaïs EZZERELLI
(Doctorant, IFPO – Damas, Université Paris I – Sorbonne)
« Les Mémoires de Muḥammad Kurd ῾Alī,
entre autobiographie, témoignage historique et œuvre de
vulgarisation scientifique »
11h-11h30 : pause
11h30-12h30 :
Nadine MÉOUCHY
(Chercheur associée, GREMMO, Lyon)
« Autobiographie, mémoire et histoire : enjeux
autour de la figure du héros »
Salim TAMARI (Directeur de
l’Institut des études sur Jérusalem)
« L’année des sauterelles : la Première
Guerre mondiale à travers les carnets de soldats
palestiniens »
12h30-13h : discussion
13h-14h30 :
déjeuner
CINQUIÈME SÉANCE :
Récits de vies contemporains : pratiques et usages
Présidente de
séance : Yumna AL-῾ID (Écrivain et critique
littéraire, Beyrouth)
14h30-16h :
Marie ELIAS (Professeur,
Université de Damas)
« L’autobiographie comme source pour l’étude de la
sociologie des arts de la scène au Machrek »
Abdallah HANNA (Historien,
Damas)
« Les paysans racontent leur histoire : l’Histoire par
le bas »
Anissa ABBOUD
(Écrivain, Jablé)
« Les autobiographies féminines, entre plainte et
protestation »
16h-16h30 : discussion
16h30-17h : pause
SIXIÈME SÉANCE :
Archivage et édition des ego-documents (témoignages)
Président de
séance : Boutros HALLAQ (Professeur, Université
Paris III – Sorbonne Nouvelle)
17h-18h30 :
Colette KHOURY
(Écrivain, Damas)
« Quelques pages de ma mémoire, autour des papiers de
Fāris al-Ḫūrī »
Radwan AL-ATASSI
(Écrivain, Damas)
« Une expérience de publication : Hāšim Al-Atāsī,
sa vie, son temps »
Ammar AL-SUMAR (Doctorant,
Centre des Archives historiques, Université de Damas)
« Les mémoires et les archives privées au
Centre des archives historiques de Damas »
18h30-19h : Discussion
19h-19h30 :
Discussion
générale et conclusion
Clôture du colloque, par Floréal SANAGUSTIN (Directeur scientifique des études médiévales, modernes et arabes, IFPO – Damas)
Contacts :
Maher Al-Charif (m.charif@ifporient.org) et Kaïs Ezzerelli (k.ezzerelli@ifporient.org)
Institut Français du Proche-Orient
B.P. 344 – Damas - SYRIE
Tel : + 963 11 333 02 14
Fax : + 963 11 332 78 87
Colloque international organisé par
l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines,
Laboratoire Suds d’Amériques : Mémoires des Amériques : Journaux
intimes, correspondances, récits de vie
Programme : http://www.sudam.uvsq.fr/colloquememoireamerique.htm
Depuis ses origines, l’Amérique
a suscité une profusion
d’écrits de nature autobiographique : carnets de voyage,
lettres, journaux intimes, récits de captivité ou
d’esclaves, mémoires d’immigrants, entre autres.
Dans le contexte américain,
l’écriture de l’intime, foncièrement nomade, tisse le
singulier de l’individu avec le collectif d’une culture :
« Slowly the history of each one comes out of each one
…Sometime, then there will be a history of everyone »
(Gertrude Stein). L’introspection y rime avec
l’exploration. L’écriture intimiste problématise le
rapport entre le monde et les mots, entre la réalité et
l’invention, entre le Je et l’Autre. Elle renvoie à un vaste
carrefour disciplinaire où se côtoient histoire,
littérature, sémiologie, psychologie et sociologie et art.
International et pluridisciplinaire, le
colloque « Mémoires des Amériques »
se propose de réunir américanistes et hispanistes,
littéraires, historiens ou
« civilisationnistes », pour explorer le rapport
privilégié qui s’est tissé entre les
écritures du moi et le Nouveau Monde.
Dans l’Amérique coloniale, comme dans toute société émergente, le récit autobiographique semble plus propre à rendre un quotidien frustre que ne saurait le faire la fiction. Cependant, mémoires, journaux intimes et récits de vie demeurent des formes d’écriture extrêmement populaires de nos jours, tout particulièrement aux Etats-Unis.
Quelles sont les raisons de cette
persistance et de ce renouvellement (thématique et
formel) ? Par ailleurs l’Amérique du Nord et celle du Sud
entretiendraient-elles un rapport différent à l’intime et
à sa transcription ? Correspondances et antagonismes,
similitudes et variantes seront au cœur d’une problématique
intimiste qui a l’ambition de rassembler les deux Amériques.
On s’intéressera aux journaux
intimes, aux lettres et récits d’explorateurs, de missionnaires,
d’esclaves, d’immigrants, d’écrivains ou d’artistes, qu’ils
soient connus ou moins connus. De même on pourra
s’intéresser à la réutilisation de ces
différents genres dans la fiction.
- Lucia Bergamasco (Université d’Orléans) : « Pratique dévotionnelle et écriture du moi : le journal spirituel puritain »
- Lauric Henneton (Université de Versailles Saint-Quentin): « Identité, altérité, postérité: mémoires puritaines et mémoires des puritains »
- Lionel Larré (Université Bordeaux III) : « Des origines américaines de l’autobiographie »
- Belinda O’Loan (Université deYork, Canada): « Oral Abjection in North American Indian Captivity Narratives »
- Elzbieta Klimek-Dominiak (Université de
Wroclaw, Pologne): « Double-voiced Narration in Native American
Women’s Autobiography »
Atelier II. Ecritures du moi au XIXe siècle
(Présidence
: Paule Lévy)
- Christophe Chambost (Université Bordeaux II): « Bringing the Self to Public Notice: Ambrose Bierce's First-Person Journalism »
- Marc Amfreville (Université Paris XII) : « Sang d'encre, ou la question du "vrai" dans l'épistolaire de Charles Brockden Brown »
- Marie-Odile Salati (Université de Savoie): « A la redécouverte de l’Amérique : The American Scene de Henry James »
- Michel Imbert (Université Paris VII):
« L'Education d'Henry Adams ou les mémoires de
l'auteur comme un autre »
13h-14h30. Déjeuner
14h30-17h30. Ateliers III-IV-V
- Charles Lancha (Université Grenoble III) : « L’autobiographie de Victoria Ocampo ou le drame de l’amour passion au temps de la société traditionnelle argentine »
- Françoise Aubès (Université d’Orléans) : « Mémoires, autobiographie et journal intime : l’écriture de soi au Pérou »
- Jacques Dupont (Université de Versailles Saint-Quentin) : « Les Amériques de Butor : un territoire du moi? »
- Françoise Léziard (Université de Bretagne occidentale) : « Lettres d’ Elena Poniatowska : de la réalité à la fiction »
- Germana de Sousa (Université de Brasilia) : « L'étrange journal de Carolina Maria de Jesus »
-Efer Arocha (Revue littéraire Vericuetos):
« La desmembración en el Diario de Frida Kahlo: Una
codificación en su obra pictórica »
Atelier IV: Mémoires des marges
(Présidence
: Julia Watson)
- Claudia Neudecker (Université catholique de Ingolstadt, Allemagne): « Immigrant Autobiography as Mediator between the Alien and the Familiar: Younghill Kang's East Goes West »
- Yvonne Gutenberger (Université de Mainz, Allemagne): « Angela Davis’s Autobiography: a testimonio?»
- Julia Watson (Ohio State University): « Old Wine in New Bottles?: Puerto Rican Memories and New York Lives »
- Ada Savin (Université de Versailles
Saint-Quentin): “Transcontinental and Transatlantic Visions of America
in Eva Hoffman and Richard Rodriguez’s Autobiographical Writings.”
Atelier V: Ecritures du moi au XXème siècle
(Présidence: Claudine Raynaud)
- Yves-Charles Grandjeat (Université Bordeaux III) : « Self-collection and Self-Dissolution in Barry Lopez’s About this Life »
- Richard Hardack (Université de Californie, Berkeley): « “A woman need not be sincere”: Annie Dillard's Fictional Autobiographies »
- Marie Liénard (Ecole Polytechnique): « Janisse Ray : pour une écologie du moi »
- Taina Tuhkunen (Université de Versailles
Saint-Quentin): « Le moi d’une demoiselle de Nouvelle Angleterre:
les écrits autobiographiques de Sylvia Plath»
18h. Réception. Hôtel Campanile
Matin
10h30-13.00. Ateliers VI-VII-VIII
- Françoise Chevalier (chercheur indépendant) : « Le récit de vie d’Olivier Exquemelin, chirurgien aux Antilles (1666-1678) »
- Anne-Marie Brenot (Université de Versailles Saint-Quentin) : « Le journal de Francisco Estévez, chasseur d’esclaves à Cuba au milieu du XIXème siècle »
- Carmen Ana Pont (Université de Cergy-Pontoise, GRIAHAL) : « Naître pour quelque chose : Le Je, l'errance et la Caraïbe hispanique dans le Diario de mi vida d'Eugenio María de Hostos (1839-1903) »
-
Andrée-Anne Kekeh (Université Paris VIII) : « Austin
Clarke’s Pig Tails'n Breadfruit : les enjeux du
« ‘culinary memoir’ »
Atelier VII: Mémoires transaméricaines
(Présidence : Olivier Compagnon)
- Tangi Villerbu (Lycée Emile Littré, Avranches): « Missionnaires catholiques français dans l’Ouest américain au XIXème siècle »
- Isabelle Gregor (Université Paris III) : « Un journal de bord à l’origine d’une œuvre littéraire : l’exemple de Bougainville en Amérique du Sud »
- Miguel Rodriguez (Université Paris IV-Sorbonne) : « Carnets inédits de voyageurs mexicains aux Etats-Unis et en Europe (1882-1891) : une mémoire retrouvée »
Atelier VIII : Mémoires du Sud
- Elisabeth Lamothe (Université de Versailles Saint-Quentin) : « “A Borderland of strange tongues”: la mémoire à deux voix de Katherine Anne Porter »
- Gwen Le Cor (Université Paris VIII) : «The Caged Bird’s Song in Maya Angelou’s Autobiography »
- Gerald Preher (Université de Versailles Saint-Quentin) : « Blue Calhoun de Reynolds Price : entre journal intime et confession »
- Marie-Agnès Gay (Université Lyon III) : « Mémoires vives : l’indicible dans Oldest Living Confederate Widow Tells All d’Allan Gurganus »
- Claude Julien (Université de Tours):
« De Fatheralong à Loveralong:
l’écriture autobiographique de John Edgar Wideman »
13h-14h:30 Déjeuner
14h-30. 17h.30. Ateliers IX-X-XI
Atelier IX: Frontières spatiales/frontières génériques
(Présidence : Françoise Aubès)
- Olivier Compagnon (Université Paris III) : « Du Rio de la Plata aux tranchées de Verdun : Diario de un argentino soldado en la guerra actual ».
- Catherine Héau de Giménez (Escuela Nacional de antropologia e historia, México D.F.): « Un mini-récit de vie : le corrido mexicain »
- Anne Wicke (Université de Rouen) : « Récits d'esclaves afro-américains : histoire éditoriale »
- Claudine Raynaud (Université de Tours) : « L'espace autobiographique comme construction en miroir: films et mémoires de Joséphine Baker »
-
Sandrine Ferré-Rode (Université de Versailles
Saint-Quentin) : « Lifelines, bloodlines and borderlines in
Lawrence Hill's Any Known Blood »
Atelier X: Lettres américaines
(Présidence : Nathalie Dessens)
- Kathleen DeHaan (College of Charleston): « American Letters: Immigrant (Re)Constructions of Self »
- Jesse Battan (California State University) : « Writing the Self, Writing a Revolution: Personal Correspondence and the Transformation of Private Life in Late 19th Century America »
- Anne Stefani (Université Toulouse II) :
« A Dissident Voice in Alabama :Virginia Foster Durr’s
Letters (1951-1968) »
Atelier XI : Témoignages d’Amérique du Sud
(Présidence: Anne-Marie Brenot)
- Marcelo Fabián Figueroa (Université de Tucuman, Argentine) : « L’Amérique de Felix de Azara ou les avatars d’une écriture intime au XVIIIème siècle »
- Claudia Poncioni-Mérian (Université Paris X) : « Le journal intime de Louis Léger Vauthier, ingénieur au Brésil (1840-1846) »
- Emilie Beaudet (Université de Versailles Saint-Quentin) « Le récit de vie de Domitila de Chungara, épouse d’un mineur bolivien (1950-1970) »
- Emmanuelle Rimbot (Université Paris III) « Histoires personnelles de l’exil chilien 1973-1989 »
- Sandrine Revet (Université Paris III) :
« Mémoires d’une catastrophe : récits des
inondations de 1999 au Venezuela »
17:30 - Pot amical de clôture
La Jeune Équipe de recherche Dynamique et enjeux de la diversité : langues, cultures, formation (JE 2449 - DYNADIV) est heureuse de vous souhaiter la bienvenue à ce colloque international Le biographique, la réflexivité et les temporalités : articuler langues, culture et formation.
Comme cela est mentionné dans les textes de préparation, ce colloque poursuit trois objectifs :
1 - Explorer le biographique dans la dynamique d'un tournant réflexif comme mouvement linguistique et culturel de recherche transdisciplinaire
2 - Dégager les acquis épistémologiques, méthodologiques et anthropo-formateurs de ce mouvement.
3 - Identifier les problèmes-clés à approfondir comme axes de recherche pour l'avenir.
Sa préparation a mobilisé un grand nombre de personnes de multiples universités et associations dont vous trouverez les noms dans la composition du comité scientifique, du comité d'organisation, des plénières, des ateliers thématiques et du forum international. Nous les en remercions vivement. Sans eux, ce colloque n'existerait pas.
Voilà un peu plus de vingt ans (juin 1986), dans cette même Université François Rabelais de Tours, un colloque international sur Les histoires de vie en formation situait l'émergence de ce courant de recherche et de formation dans une crise paradigmatique d'ensemble et proposait une approche multidisciplinaire, voire transdisciplinaire (Pineau, Jobert, 1989). Vingt ans après, le mouvement biographique a pris de l'ampleur (Delory-Monberger, 2005), le tournant réflexif (Schön, 1991, ver.fr. 1996) s'est étendu et les temporalités post-modernes ont éclaté (Boutinet, 2004). Heureusement, en interactions plus ou moins conscientes, des méthodologies et des épistémologies inter et transdisciplinaires se sont aussi développées pour travailler cette complexité. Expliciter et déployer ces interactions nous semblent historiquement important. C'est pourquoi nous sommes particulièrement reconnaissants à Edgar Morin d'avoir accepté d'ouvrir ce colloque avec sa conférence attendue : Les complexités d'une visée singulière.
La complexité du mouvement biographique est le thème des premières conférences introductives présidées par Christine Josso, pionnière, à énergie transocéanique, des biographies éducatives. Elizeu Clementino de Souza, co-fondateur inspiré de la toute nouvelle association brésilienne pour la recherche autobiographique nous parlera de cette recherche en pleine effervescence au Brésil. Du Québec, Danielle Desmarais, une autre co-fondatrice d'association, celle du Réseau québécois pour la pratique des histoires de vie présentera La mise en réseau des pratiques autobiographiques comme interface entre la science et la société. Et l'européenne franco-allemande Christine Delory-Momberger fera ressortir Les grandes injonctions et paradoxes de la société biographique.
L'appel à communications a été si fructueux que les dix thématiques proposées sont devenues 12 et que leur exploration a nécessité d'étendre leur traitement sur les deux premiers jours. Le traitement de ces thématiques avec les communications correspondantes commencera donc en parallèle dès le lundi après-midi et se continuera toujours en parallèle le mardi matin et après-midi.
Il faut signaler le génie mobilisateur et coordonnateur des deux responsables du comité éditorial de ces communications thématiques, Dominique Bachelart et Aude Bretegnier. Grâce au maître médiatique du colloque, Jacques Serizel, et au réseau associatif dense et actif, elles ont su impliquer les vingt-quatre responsables d'ateliers thématiques dès le départ dans la sélection des communications et l'organisation des ateliers. Cette implication coopérative augure bien de leur édition à venir. Le nombre et la richesse de ces communications plaident pour une politique éditoriale faisant ressortir à la fois leur diversité et leur problématique convergente ou divergente de recherche. Un rêve : douze ouvrages thématiques spécifiques ainsi qu'un ou deux ouvrages synthèses incluant les conférences plénières et les perspectives internationales !
En attendant la réalisation de ce rêve, la production d'ouvrages récents est si riche qu'elle nous a conduits à proposer un espace-temps de présentation le lundi de 18h à 19h. En parallèle, aussi, pour donner suffisamment de temps d'échanges à chaque auteur.
Le tout en musique. Mais là, mystère.
La journée n'est pas finie, faute à Rousseau !
Il faut rendre grâce à Philippe Lejeune de nous avoir donné Signes de vie (2005) et de venir nous présenter la triple révolution autobiographique - psychologique, politique et épistémologique - qu'il a puissamment contribué à allumer.
Les conférences introductives à ces deuxième et troisième grandes entrées conceptuelles reliées du colloque sont présidées par Jean-François Marchat de l'Université de Limoges. Un article de ce collègue Institution du sujet démocratique et éducation de la mémoire (2005) fait ressortir les recherches peu connues de Marc-Antoine Julien (1775-1848) au début du XIXe siècle pour réaliser socialement cette révolution autobiographique naissante. Avec les termes de « biomètre » et de « mémorial (horaire journalier, annuel) », Marc-Antoine Julien inaugure la construction d'une science de l'éducation en développant des instruments écrits de réflexion pour maîtriser les différents emplois des temps vécus. Le bon emploi du temps est une véritable science qui a besoin d'être acquise par l'étude, comme les autres connaissances… L'éducation, science de la culture et du développement de nos facultés, peut être considérée sous trois points de vue : son sujet, l'Homme ; son but, le Bonheur ; son instrument, le Temps (cité par Marchat, 2005, p. 487-497).
Ces fondamentaux transhistoriques « simples » ne sont pas à oublier dans la réflexion complexe sur les temporalités postmodernes se complexifiant. Jean-Pierre Boutinet, de l'Université Catholique de l'Ouest, Pierre Dominicé, de l'Université de Genève et Francis Lesourd, de l'Université Paris VIII, actualiseront les réflexions actuelles sur les essais de conjugaisons plus ou moins formatives des temps et contretemps, en présentant respectivement :
Autant comme moyen majeur de réflexivité temporelle que comme interface entre les deux départements constitutifs de la Jeune équipe DYNADIV - socio-linguistique / didactique des langues et éducation/formation - les langues ne pouvaient être esquivées. Cette troisième plénière de conférence introductive est présidée par Guy de Villers, de l'Université de Louvain-la-Neuve. Psychanalyste et formateur d'adultes, ce pionnier belge des histoires de vie est un expert méta réflexif de l'utilisation du langage :
- Relation intersubjective, expérienciation du terrain et réflexivité méthodologique: quel statut accorder aux matériaux langagiers dans une recherche ? Philippe Blanchet , de l'Université de Rennes II
Symposium : Vers un paradigme réflexif ? Conditions, modalités, conséquences
Dans le cadre de ce colloque, se tient un symposium qui participe pleinement de la problématique du colloque mais dont le centrage est quelque peu différent. Alors que le colloque se pose plutôt la question de la dimension « formative » de la réflexivité, il s'agira d'explorer la réflexivité comme posture de recherche. Pour poser le problème plus clairement, pourrait-il exister un paradigme réflexif comme s'est mis en place un paradigme positiviste / objectiviste ?
L'équipe DYNADIV, pour le contrat quadriennal 2008 - 2011, souhaite en effet explorer la possibilité que la réflexivité soit plus qu'une simple méthodologie formative, en essayant d'examiner si cette posture ne peut pas constituer un véritable paradigme.
Dans la mesure où cette question est assez nouvelle dans les termes dans lesquels nous la posons, il nous a semblé souhaitable que cette démarche exploratoire évite les effets de représentation inhérents à des réunions à grands effectifs. La participation à ce symposium s'est organisée sur une base d'invitation en nombre limité de participants préoccupés depuis quelque temps par cette problématique. Un groupe limité et à la composition stable favorisera également des temps de parole et d'écoute mutuelle assez larges, ainsi que la continuité des débats.
À18h, Daniel Feldhendler, de l'Université Goethe de Francfort mettra en scène de façon audacieuse, à la fois théorique et pratique des histoires de vie singulières. Exercice in vivo d'articulation entre langues, cultures et formation.
De 19h à 19h30, intermède musical.
À partir de 20h, réception à la Mairie de Tours, dont nous remercions particulièrement le maire Jean Germain, et le Premier Adjoint, Jean-Patrick Gille, historiques compagnons de route des vingt dernières années.
Forum international sur les perspectives du mouvement biographique dans la diversité des cultures, des langues et des continents
Le défi est de taille, étant donné l'ampleur planétaire de cette diversité des cultures, des langues et des continents et l'étroitesse des moyens disponibles. Ces contraintes constituent les critères nécessaires pour situer de façon réaliste les perspectives internationales du mouvement biographique que peut dégager ce forum. Il nous a cependant semblé nécessaire de ne pas esquiver cette ouverture indispensable pour bénéficier des nombreuses ressources internationales qui développent le mouvement biographique à l'échelle mondiale et dont des représentants nous ont fait l'honneur de participer à cette entreprise.
Nous remercions fortement nos collègues et amis d'autres pays, d'autres cultures et d'autres continents d'avoir osé avec nous relever ce défi impossible. L'intérêt et l'ampleur de ces perspectives nous font penser que ce premier forum peut peut-être préfigurer le prochain colloque à organiser.
Donc prochain rendez-vous à fixer.
Gaston Pineau et Didier de Robillard
RÉFÉRENCES
Boutinet Jean-Pierre , 2004, Vers une société des agendas. Une mutation de temporalités, Paris, PUF.
Delory-Momberger Christine, 2005, Histoire de vie et recherche biographique en éducation, Paris, Anthropos.
Marchat Jean-François, 2005, « Institution du sujet démocratique et éducation de la mémoire » in Beniamino, Michel et Filleteau Claude (coord.), 2005 Mémoires et cultures, Limoges, Presses universitaires de Limoges.
Pineau Gaston et Jobert Guy (coord.), 1989, Histoire de vie T1 : Utilisations pour la formation, T 2 : Approches multidisciplinaires, Paris, L'Harmattan.
Schön Donald, 1996, Le tournant
réflexif, Montréal, Editions Logiques.
Jeudi 18
octobre
Poétique et
écriture du journal de la vie
littéraire
Présidence : Philippe
Lejeune
9h-9h30 Jean-Michel
Pottier, Université de
Reims
Le registre et la source, traits du journal
de Rosny aîné
9h30-10h Yann Mortelette, Université de Brest
Régnier, portraitiste du Parnasse
10h-10h30 Pierre-Jean
Dufief, Université de Brest
Le courrier des lecteur et l’écriture du
journal des Goncourt
Pause
Présidence : Jean de Palacio
11h-11h30
Anne-Simone
Dufief, Université
d’Angers
Le « journal d’Antoine » : un
témoignage recomposé sur l’actualité
théâtrale
11h30-12h
Philippe Lejeune,
Université de
Paris XIII
Le journal de Mathieu Galey : un
paratexte en forme de ricochets
12h-12h30
Michel Braud,
Université de Pau
Journal littéraire,
journal d’écrivain et
journal intime aux XIXe et XXe siècles
La vie
littéraire dans les marges du journal
Présidence : Michel Braud
14h30-15h
Corinne Bayle,
Université de Brest
Les surprises littéraires du journal de
Delacroix : peinture vs poésie, la quête d’un autre
romantisme
15h-15h30
Rodolphe
Rappetti, conservateur en
chef du patrimoine
Le journal d’Henri de Groux
15h30-16h Maurice Gasnier,
Université de Brest
Le journal de Maury
Pause
Présidence : Rodolphe
Rappetti
16h30-17h Bernard
Duchatelet, Université de Brest
Le second journal des années de guerre de
Romain Rolland (1940-1944)
Les diaristes aux marges de la vie
littéraire
17h-17h30 Jean-Marc
Hovasse, CNRS
Le Journal d’Adèle Hugo : la
suite de Victor Hugo raconté par Adèle Hugo
17h30-18h
Nicolas
Denavarre, Université de Paris
XIII
Le journal de Maria van Rysselberghe
Vendredi 19 octobre
Les journaux et les
sociabilités littéraires
Présidence : Bernard
Duchatelet
9h-9h30 Vincent Laisney, Université de Paris X
Le journal d’Henri de Régnier : un journal
oculaire pour les cénacles journaliers
9h30-10h Catherine
Thomas, Université de Brest
Le journal des Goncourt : la vie littéraire
aux XVIIIième et au XIXième siècles
Pause
Présidence : Lise Sabourin
10h30-11h Stéphane
Gougelmann, Université de Paris
X
Un journal intime de la vie
littéraire : le Journal de Jules Renard
11h-11h30 Françoise
Simonet-Tenant, Université de
Paris VII
Les salons et la vie
littéraire dans le
Journal de Catherine Pozzi
Journaux, carnets et mémoires de la
vie
littéraire
Présidence : Jean-Marc
Hovasse
14h-14h30 Lise Sabourin,
Université de Nancy
Faux journal, vrais carnets, mémoires
inachevés :
Vigny, un romantique en quête de son âme
14h30-15h Jean de Palacio,
Université de Paris
IV-Sorbonne
Carnets
de Lucien Descaves
15h-15h30 Jean-Baptiste Goureau, Khâgne Sèvres
Le paradoxe de Léautaud : du journal
littéraire à l’autre journal